Désencombrement, télévision et … développement personnel

A priori le désencombrement a le vent en poupe.
J’en veux pour preuve le fait que le petit écran lui consacre quelques émissions.
Mais désencombrement et télévision font-ils bon ménage ?

Je regarde peu la télé.
Très peu.
Mais quand j’ai vu, samedi, qu’au programme il y avait une émission sur ma thématique préférée, j’ai été curieuse…

Je n’ai pas été déçue.

Tu connais la série « Cleaners, les experts du ménage » ?

Pour moi, c’était une grande découverte.
Et, au début, je suis carrément séduite !

Des pros et des amateurs, passionnés par le ménage et par l’ordre, qui viennent en aide à des personnes débordées par leur bazar ?!
Moi je dis oui.
Carrément oui !!

Mais, dès les premières minutes, je déchante.

Un démarrage dérangeant

Comme dans beaucoup émissions de ce type, on voit nos experts prendre connaissance des personnes qu’elles vont « sauver » par message vidéo.

Et là, on les voit réagir avec dégoût au fur et à mesure que les images défilent.
Aucun égard pour la détresse des personnes qu’elles vont « sauver ».

Des réflexions méprisantes et pleines de jugements.
Des moues écœurées.

Gros souci de posture chez ces experts-là !

J’en profite pour mentionner que l’un des points du code déontologique de la Fédération Francophone des Professionnels de l’Organisation (dont je suis membre) est :

« Je m’interdis tout jugement de valeur sur un client, et je l’accompagne dans le respect de ses opinions et particularités. »

Samedi, chez les Cleaners, on en était très loin !
Et ce n’était que le début.

J’ai été stupéfaite de constater que nos experts s’improvisaient « coachs », sans les compétences, ni la posture, mais toujours avec beaucoup de jugement !

Faire « à la place de »

Puis, plus l’émission avançait, plus nos « experts » se substituaient à leurs « clientes ».

Peut-être (je l’espère) pour tenir le délai de trois jours imposé par la production ?
Peut-être (je l’espère) même les meilleurs moments (avec bienveillance, accompagnement, soutien, prises de consciences transformationnelles) ont-ils été coupés au montage parce que TFX avait peur que ça ne fasse pas assez d’audimat ???

Sous prétexte qu’elles avaient du mal à décider quoi garder et quoi jeter, les clientes étaient dépossédées du processus de décision.
Les experts faisaient à leur place.

L’un des experts a même appelé une collègue à la rescousse pour qu’ils puissent être plus efficaces.
Pendant que l’experte n°2 triait « avec » la cliente, l’expert n°1 vidait un cagibi en jetant intégralement son contenu à la benne.

Sans se soucier de savoir s’il y avait, dans ces « déchets », des objets chéris oubliés ou des indispensables qu’il faudra racheter plus tard.

Sans se soucier non plus de trier ces déchets ou de savoir s’ils pouvaient être revalorisés.
A priori, l’environnement, ce n’est pas un sujet pour TFX.

Prenons un exemple.

Monsieur l’expert a jeté toute la déco de Noël de sa cliente.
Or, sa cliente n’a très probablement pas eu l’opportunité d’intégrer le processus.

Elle en rachètera donc très probablement de nouvelles décorations au Noël suivant.
Mais elle n’a pas appris à quoi ressemble pour elle une étincelle de joie.
Elle n’a pas eu l’occasion d’identifier les automatismes qui décident « à sa place » quand elle achète quelque chose.

Elle effectuera donc ses prochains achats comme avant son grand ménage.
Puis, elle les oubliera dans un coin.
Pour en racheter d’autres l’année suivante. Et celle d’après.

Et, dans quelques années, elle se retrouvera aussi encombrée qu’avant.

Pourquoi tant de haine ?

J’ai été sincèrement émue par la détresse de ces femmes.

Elles ressemblent énormément aux femmes que j’accompagne.

Souvent honteuses.
Vulnérables.
Désespérées.

Qui se sont retrouvées empêtrées dans une maison qui ne leur ressemble pas.
Ensevelies sous des montagnes de choses qu’elles ne parviennent ni à trier, ni à jeter.

Qui voudraient tellement une belle maison, dans laquelle elles pourraient se ressourcer.
Une maison dont elles soient fières et dans laquelle elles pourraient recevoir sereinement, même à l’improviste !

Elles se sentent « nulles », « coupables », comme si elles avaient fait exprès d’avoir accumulé tout ce bazar.
Comme si elles avaient décidé de perdre toutes leurs batailles pour une maison rangée.

Pourtant, ce n’est JAMAIS le cas !

Bref, j’ai été scandalisée par la manière dont TFX et ces soi-disant « experts » ont malmené et infantilisé ces femmes.

J’espère de tout cœur me tromper dans mes pronostics et que l’intervention de nos glorieux sauveteurs leur sera réellement bénéfique sur le long terme.

Mais, très sincèrement, je n’y crois pas.

Le complexe de Superman

Tu te demandes peut-être où est le problème ?

Je t’explique.

Désencombrer, c’est une fabuleuse opportunité de croissance personnelle.

C’est la possibilité de faire un point sur toi, sur ta vie, sur tes aspirations passées, sur tes peurs, sur tes blocages…
Chaque objet peut t’apprendre quelque chose et t’aider à grandir, à devenir plus libre et plus heureuse (ou heureux).

Faire pour l’autre, à la place de l’autre, c’est le priver de ces apprentissages.
C’est lui retirer sa souveraineté.
C’est l’empêcher de prendre progressivement de plus en plus de décisions qui lui font du bien.

C’est le déposséder d’une transformation intérieure durable.

Tant pour sa maison que pour lui-même.

Mais c’est aussi dire à l’autre qu’il n’est pas capable de réaliser ce processus par lui-même.
Parce que se confronter à tout ce qu’il a pu accumuler, à son passé, à ses erreurs, c’est lui permettre de grandir, de devenir plus fort.
Et d’avoir confiance en lui et en ses capacités !

C’est pas essentiel, ça ?

Un désencombrement, c’est souvent un processus long, laborieux, émotionnellement difficile, physiquement éprouvant aussi.

Certain.e.s y parviendront seuls.
Parfois en peu de temps, au prix d’un marathon soutenu.
Parfois en plusieurs années, après de multiples tentatives.
Si c’est ton cas : bravo !

D’autres, pour plein d’excellentes raisons, auront besoin d’un coup de main.
Un accompagnement pourra les aider à avancer.
Mais, même accompagné.e, c’est toujours par toi-même que tu avanceras le mieux !

Accompagner quelqu’un, ce n’est pas « faire pour lui », ni « faire à sa place » ou « se substituer à l’autre ».

Accompagner c’est aider l’autre à voir ce qui se joue en lui.
C’est lui apporter son soutien, son analyse, ses compétences.
En laissant toujours à l’autre sa souveraineté.

Oui, c’est parfois très difficile de prendre certaines décisions, de se confronter à certaines émotions.

Mais faire l’économie de ce processus, c’est rater une fabuleuse occasion de grandir.

L’inconfort transformateur

Tu connais peut-être la métaphore du papillon ?
Ou celle de l’œuf qui éclot ?

L’idée générale, c’est que si on aide le papillon à sortir de son cocon, il n’arrivera pas à prendre son envol.
Car c’est le fait d’avoir lutté pour s’extraire de son abri confortable qui lui permet d’être assez fort pour s’envoler un peu plus tard.
Si on le prive de cette étape en le libérant de la prison douillette qui l’entravait, le papillon meurt.

C’est la même chose pour l’oisillon que l’on aide à percer sa coquille.

Priver une personne d’un processus de transformation, pour moi, c’est la même chose.

Alors, certes, il n’y a pas mort d’homme (ou de femme, ni même de papillon ou d’oisillon).

Mais c’est tellement dommage de rater une si belle occasion de se libérer de ses boulets invisibles et de prendre son envol vers une vie plus heureuse.

Et toi ?
Tu as déjà vu « Cleaners, les experts du ménage » ?
Tu en as pensé quoi ?

Pour construire ta vie douce et légère, tu préfères être seul.e, accompagné.e ou avoir quelqu’un qui fasse à ta place ?
Raconte-nous !